RUY-VIDAL CONCEPTEUR D'ÉDITION

RUY-VIDAL CONCEPTEUR D'ÉDITION

4. LES IMAGES LIBRES 4. MESSAGES DE ET AUX ÉDITIONS MeMo

4. LES IMAGES LIBRES. QUATRIEME ÉPISODE.

  

 

ÉCHANGE DE MESSAGES AVEC LES ÉDITIONS MeMo

QUI M'ONT PERMIS DE CONSTATER QUE

DES CONNIVENCES ONT BIEN EU LIEU

ENTRE LOÏC BOYER ET CHRISTINE MORAULT

        

         A mon retour d'Agay, le 24/11/2021, mon premier souci fut de retrouver mes marques et de réparer mon système informatique resté en panne pendant mon absence.

         Mon inquiétude sur le silence de Loïc Boyer grandissant, je me mis à supputer qu'il avait décidé, en plein accord avec son éditrice :

 

          -- de ne pas me permettre de pouvoir proposer des corrections et amendements à apporter à son texte...

 

          -- que je n'aurais aucun regard sur le choix des illustrations tirées des livres que j'avais publiés qu'il entendait utiliser dans son livre et, qu'en conséquences, il avait tout simplement décidé, comme il l'avait déjà fait pour réaliser ses vidéos de Cligne Cligne Magazine, de se passer de mes autorisations.

 

         Ci-après, voici le message en urgence que je ne reçus de Caroline Lascaux, déléguée des Éditions MeMo, que le 30/11/2021 alors qu'il aurait pu m'être adressé bien avant à Agay où j'avais passé mon temps à attendre qu'il m'arrive accompagné du texte complet de Loïc Boyer et des illustrations qu'il avait sélectionnées.

 

         Message daté du 30/11/2021 mais qui comportait, accolé et en réplique, celui du 22/11/2021 que je n'avais pas pu recevoir, puisque je n'étais pas chez moi et que je n'avais pas souhaité emporter mon système internet... mais que j'aurais très bien pu recevoir, puisqu'il comportait, chose importante, la demande d'autorisation de publication du livre, à Agay, via la messagerie de mon hôte, messagerie dont j'avais informé Loïc Boyer et dont il connaissait l'email, si ce dernier avait réellement voulu que je sois tenu au courant et que je puisse lui retourner sa proposition de texte avec mes remarques et mes demandes de corrections.

 

2021 11 30 DE CAROLINE LASCAUX

 

OBJET: Monographie les images libres

 

          Bonjour monsieur Ruy-Vidal,
           je me permets de vous relancer quant à l'édition du livre de Loïc Boyer,      Bonne journée, Caroline Lascaux.

 

2021-11-22 DE CAROLINE LASCAUX

 

        DE Caroline <caroline@editionsmemo.fr> À: ruyvidal@free.fr

         Bonsoir monsieur Ruy-Vidal,
         Comme vous le savez, nous finalisons la monographie de Loïc Boyer, _Les images libres, qui fait la part belle à votre travail.

         Vous trouverez ci-joint un pdf compilant l'ensemble des couvertures et doubles intérieures des livres que vous avez conçus.

 

         Nous autorisez-vous à reproduire celle-ci dans l'ouvrage de Loïc ? Bien entendu, une bibliographie liste un nombre bien plus important de titres.

 

         Nous pourrons également vous fournir les scans HD des titres que nous avons pu scanner dans votre fonds à l'Heure Joyeuse.


         Merci de l'attention que vous porterez à ce mail et de votre retour,
         Bonne soirée,


         Caroline Lascaux

         éditions MeMo, 5 passage Douard 44000 Nantes, 02 40 47 98 19

 

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         Je tombais des nues : On me relançait alors que j'avais attendu en vain, depuis deux mois exactement, qu'on m'envoie cette partie de texte que Loïc Boyer m'avait adressée avec les corrections que je lui avais demandées !

 

         Naïvement, croyant que des corrections étaient encore possibles et que Loïc Boyer avait choisi Caroline Lascaux pour être notre intermédiaire, je répondis en prenant le soin de remettre les propos de Loïc Boyer dans les contextes de l'époque, en lui donnant les moyens, puisqu'il les interprétait fallacieusement, d'apporter les réparations et les corrections relatives à de faits avérés que j'avais personnellement vécus et dont je lui avais déjà précisément parlé.

 

          Avec une confusion et un doute supplémentaire, puisque on me demandait de donner mon aval, sur cette “partie du livre me concernant”, alors que cette portion de texte que Caroline Lascaux me soumettait était différente de celle que l'auteur m'avait envoyée et à laquelle j'avais déjà répondu...

 

   ***************************************************     

 

2021 11 30 DE FRV A CAROLINE LASCAUX

         

         J'ai lu les parties de texte que vous aviez jointes à votre message et me prépare à vous transmettre les rectifications correspondant à ce que vous m'avez envoyé.

 

        Mais je n'accorderai mes autorisations de publier les illustrations que lorsque j'aurai lu tout le texte de Loïc Boyer car, sur bien des points, déformation professionnelle, il interprète à sa façon, selon un point de vue préférentiel de graphiste, prêtant à Delessert et à Patrick Couratin des initiatives éditoriales qui, hormis leurs talents de graphistes, dépassent leurs compétences.

 

        Ce sera vraisemblablement le défaut de ce livre de Loïc Boyer.

 

       Je rappelle ce que j’ai déjà dit à Loïc Boyer lui-même, de plusieurs façons : que Delessert venant de la typographie et Couratin se flattant de mépriser la littérature, il leur prête, par admiration de leur talent de graphistes et par soutien de confraternité, des initiatives qu’ils n’avaient pas quand ils sont arrivés dans l’arène restrictive de cette “littérature enfantine ”que je souhaitais voire redéfinir en littérature pour la jeunesse. 

         Des initiatives et des objectifs, je le répète, qu'ils n'avaient pas. et qu'ils ne pouvaient pas avoir puisqu'ils n'avaient pas la fibre pédagogique et que leurs motivations – tout à fait estimables –, ne les portaient qu'à s'exprimer dans le créneau médiatique graphique qu'ils avaient choisi.

 

         Mais des initiatives et des objectifs que Loïc Boyer, parce qu'il en est personnellement préoccupé, leur prête en gommant soigneusement tout ce qui plaiderait pour leurs limites et pour « la suffisance de leurs insuffisances.»

 

         La notoriété qu’ils se sont acquises n’excuse pas les malhonnêtetés et le manque de grandeur d’âme de Delessert, ni l’ambition de régner de Patrick Couratin qui poussa l’audace, alors qu'il n'avait jamais – selon ce que sa mère institutrice m'avait dit lorsque je lui avais rendu visite à Bayonne –, lu un livre de littérature, de s’improviser “directeur littéraire” des éditions Encore un livre d’Harlin Quist.

 

        Loïc Boyer qui sait pertinemment, que j’ai refusé, par exemple, de publier les premiers livres débiles initiés par Delessert et Couratin, passe largement sous silence ces faits-là pour répéter, sans les mettre en doute et par vanité personnelle, les assertions proférées par ceux qu'il considère comme ses confrères.

 

        En passant sous silence du même coup, mais cette fois à mon préjudice, ce dont je l'ai informé, à plusieurs reprises, et que ses confrères n'avaient pas intérêt à lui dire ou qu'il faisait semblant de ne pas entendre : à savoir les initiatives que j'ai prises dès 1965 et 1966, lors de mes séjours à New York, pour régénérer en contenu (sollicitations d’écrivains contemporains non spécialisés en édition pour la Jeunesse) et en formes (agrandissement des formats pour donner un élargissement panoramique aux illustrations de type graphique) sans me soucier alors, puisque je ne les fréquentais pas à ce moment-là, de ce que Delessert ou Patrick Couratin, qui étaient venus au livre pour enfants par opportunisme, avaient en tête...

 

        Ce travail de base fut entrepris sans clairons ni trompettes mais pédagogiquement, parce que j’avais été, et étais encore, un instituteur soucieux des lectures de mon fils et de mes élèves – A remarquer qu'aucune de ces trois personnes ne connaissaient à l'époque et ne connurent, à l'exception de Delessert, les joies et les responsabilités de l'enseignement ni celles de la paternité –, avec le directeur artistique qu'était John Bradford, en m’appuyant sur son expérience pratique de “desaïgnèr”, pour donner aux productions d’Harlin Quist à New York, un sens littéraire et graphique contemporain moderne qu’elles n’avaient pas.

 

       Ma préoccupation a toujours été depuis 1960, date de ma découverte de La cantatrice chauve d’Eugène Ionesco, à Bouisseville, fief de Christiane Faure belle-sœur d'Albert Camus, que les livres pour la jeunesse ne devaient plus être des catéchismes de conditionnement comme l’étaient les manuels scolaires branchés sur une notion de littérature “ enfantine ”, catholique, hygiéniste et pasteurisée, mais des livres donnant à réfléchir, écrits par des écrivains contemporains – et non plus par des “écrivants” (terme de Roland Barthes) spécialisés en écritures adaptées et simplifiées pour être uniquement compréhensibles –, accompagnés et enrichis non plus d’images mais d’illustrations de type graphique.

 

          Ce qui, en conséquence, donnait lieu, pour ce qui était de l'appréhension par les enfants de ces contenus “chargés” – référence à ce que disait Brice Parrain : Les mots sont des pistolets chargés –, à la pratique de deux lectures, littéraires et graphiques, suivies forcément d’une troisième lecture comparatiste de survol.

 

         J’ai dit cela à Harlin Quist en 1964, comme principe et condition de notre association. C’était cela ou rien !

 

         Puis j’ai contraint Delessert – le terme est en adéquation avec le caractère de fils de pasteur buté et orgueilleux de l’individu –, en refusant de publier deux livres de son cru, Franz Tovey and the rare animals et Horns Everywhere... Et récidivé avec Patrick Couratin – en refusant l’album La chose concocté par lui avec son amie Tina Mercié –, et en refusant aussi de publier, afin de l’inciter à la couleur et de le sortir de sa complaisance morbide du noir, un autre livre de lui illustré en noir et blanc... Trois livres qu'Harlin Quist publia mais qui ne correspondaient pas à mes déterminations d'éditeur et à mon option de principe des trois lectures.

 

        Principe dont ces trois personnes – Harlin Quist, Etienne Delessert et Patrick Couratin–, parce qu’ils n’avaient pas eu d’enfants en âge d’apprendre à lire et qu’ils n’avaient jamais enseigné, ne pouvaient pas, ou ne voulaient pas, tenir compte, quand je le défendais... Mais dont tous trois se serviront tout de même par la suite, en prétendant même, en être les initiateurs.

 

        Voilà pour ce qui est, sur le plan général, de mes réflexions sur le texte très documenté par ailleurs, heureusement, de Loïc Boyer.

 

         Je ne vous donnerai par la suite, en détail, mes rectifications que lorsque vous m’aurez fourni l’intégrale du texte de Loïc Boyer.

 

          Avec mes salutations. FRV

 

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          Mais je n'en démordais pas : l'idée qu'on me mentait s'était inscrite en moi et je ne pouvais m'en départir.

 

          Loïc Boyer, ne voulant pas que j'intervienne, me manipulait en se retranchant derrière Caroline Lascaux qui assumait sa tâche mais sans vouloir ni pouvoir prendre parti... J'avais la conviction que Loïc Boyer trichait et qu'il avait certainement prétendu à son éditrice qu'il avait obtenu de moi tous les droits afférents à son texte et aux illustrations qu'il utilisait...

 

        Tandis que l'éditrice, par prudence, souhaitait tout de même, comme cela est prévu, puisqu'elle était responsable de l'édition de l'ouvrage, obtenir de moi des accords écrits avant publication.

 

2021 11 30 DE FRV A CAROLINE LASCAUX

 

          MES REMARQUES AU SUJET DES ILLUSTRATIONS

CHOISIES PAR LOÏC BOYER:

 

          Sur le plan des illustrations, je connais parmi celles que j’ai publiées, mieux que LB, celles qui ont suscité le plus d’attentions, en compliments ou en effarouchements, et déplore que LB fasse une énorme place au premier livre de Delessert Sans fin la fête et peu de place par contre à d’autres livres que j’ai édités ou conçus et qui sont les pierres du gué que j’ai franchi au cours des cinq étapes éditoriales de mon parcours en édition.

        De même, c'est en fonction certainement de ses goûts, – dont le public et l’histoire n’ont que faire –, plus que de ces connaissances et compétences graphiques, que Loïc Boyer a établi la sélection – restrictive et peu convaincante pour moi –, des illustrations qui accompagneront son texte...

       Ce qui me permet de penser, puisque je ne trouve aucune trace d’illustrations réalisées par certains et certaines de mes illustrateurs et illustratrices préférés-ées, qu’il est partial, qu’il a ses têtes et qu’en se servant de mon travail, il le dessert puisque j’ai toujours, moi, au service de mes conceptions éditoriales, et parfois au mépris de mes goûts esthétiques, édité et fait éditer des illustrateurs-trices qui, graphiquement, méritaient de l’être parce qu’ils et elles contribuaient à élargir les goûts et les appréciations des enfants en donnant plus de perspectives à leur “horizon d’attente”...

 

       Et parce qu’ils et elles renouvelaient et régénéraient cette forme d’expression spécifique qu’était l’illustration alors qu’elle était considérée, jusque dans les Écoles des Beaux-Arts même, comme un art mineur.

 

        Manquaient ainsi à l’appel, pour ce qui concernait mon parcours professionnel, des illustrations de Nicole Claveloux... surtout, celle d’Alice au Pays des merveilles et de ses deux premiers livres Le Voyage extravagant et La forêt des Lilas.

 

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       Manquaient aussi, une au moins, des illustrations que m’ont fourni les illustrateurs-trices parmi les plus humbles et les plus honnêtes et les moins prétentieux qu’ont été : Alain Gauthier, Mila Boutan, Danièle Bour, Denis Poupeville, Alain Letort et Robert Constantin...

 

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Illustration de Robert Constantin d'après L'enfant qui voulait voir la mer de Jean-Claude Brisville

 

         Des artistes à qui j’ai eu le bonheur de donner, la première occasion, en matière d’albums, de se manifester dans la sphère Littérature pour la jeunesse.

 

       Soupçonnant que vous allez me répondre que la maquette est faite et que vous ne pouvez rien changer, je me contenterai de préciser que certaines illustrations choisies par Loïc Boyer, mêmes si elles sont à son goût, sont banales et facilement remplaçables puisqu’elles n’apportent rien, graphiquement et historiquement, à l’évolution des considérations actuelles, notamment celles Lgbt, sur les illustrations que l'on peut proposer aux enfants à partir de sept ans, sans risque d’être censuré ou d'encourir des peines pour pédophilie.

 

        A considérer pour cela, la place de banale indifférence que pourrait prendre aujourd’hui, dans notre société Lgbt, l'illustration de l'hermaphrodite qu'Alain Letort réalisa, en 1980, à partir de la nouvelle de Michel Tournier La famille Adam dans laquelle il affirmait clairement et ostentatoirement que « Dieu était homme et femme à la fois et qu'il fit le premier homme, Adam, à son image. »...

 

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       La comparaison, en fonction du décalage du temps et des évolutions de notre société, s'impose.

       L’effarement que ce livre procura aux dames patronnesses, femmes catholiques hypocrites qui géraient le CRILJ parisien (Janine Despinette, Monique Hennequin, Anne Rabany et Muriel Tiberghien, directrice des Bibliothèques pour tous) qui me vidèrent de l'association dont j'étais membre du conseil d'administration, comme un malpropre en m'accusant de vouloir corrompre les enfants et pervertir la jeunesse, restera symbolique de l'endoctrinement et du fanatisme que toute religion au prétexte de la foi porte en germes.

 

       On se prend à rêver : A quand une femme prêtresse assermentée par une Papesse?... Papesse qui résiderait – pourquoi pas ?... –, en Avignon ?... Dans le Château des Papes... Là, où les mannes de Jean Vilar, de Gérard Philipe, de Maria Casarès, de Jeanne Moreau, de Maurice Jarre et d'Agnès Varda l’attendent, dans cette demeure somptueuse qui défie le temps ?...

 

       Je propose donc, en m’exposant à agacer l'orgueil chatouilleux de Loïc Boyer, en remplacement de certaines images qu'il a choisies et que je juge insipides et inutiles, qu’il prenne parmi celles de ce lot d’illustrations que je vous envoie et que je trouve graphiquement plus diversifiées et plus représentatives de cette fin du 20ème siècle

 

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A

 

 

                                       Deux illustrations d'Alain Letort pour le fablier  l'Habit d'Arlequin

                                                        que j'ai publiées aux Éditions Hatier-L'Amitié

 

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                         Deux illustrations de Robert Constantin pour Au pied de la lettre de Jérôme Peignot

                                          publié aux Éditions Universitaires-Jean-Pierre Delarge

 

 

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        J'ai alors adressé aux Éditions MeMo, tout un lot d'illustrations tirées de livres que j'ai publiés au cours des cinq étapes de mon parcours en édition, pour diversifier et enrichir le choix graphiquement sommaire des illustrations retenues par Loïc Boyer.

 

 

2021 12 02 DE CAROLINE LASCAUX

 

Réception des remarques

Corps du courriel

 

        Bonjour monsieur Ruy-Vidal,

        Merci beaucoup pour l'ensemble de vos remarques détaillées et précises.

 

        Nous allons faire au mieux, en accord avec Loïc, et vous renvoyer le fichier.

 

        Bonne soirée, Caroline Lascaux

 

2021 12 04 : DE FRV A CAROLINE LASCAUX

 

    MES RECTIFICATIONS ET CORRECTIONS

   SUR LES PARTIES DE TEXTE DU LIVRE DE LOÏC BOYER

QUE VOUS M'AVEZ FOURNIES

 

Page34 :

 

         ...les Livres d’Harlin Quist, qui donne 51 % à François Ruy-Vidal et 49 % à son camarade new-yorkais.

 

         Harlin Quist n’a jamais été mon camarade mais seulement mon associé.

 

         Tons glauques

 

         Terme qui correspond au mauvais scan de cette quatrième de couverture – comme le sont d’ailleurs tous les scans mal détourés et bâclés des illustrations choisies et proposées par Loïc Boyer en Images libres –, plutôt qu’à l’original de la revue qui était et reste d’une parfaite harmonie de couleurs.

 

Page36 :

 

         La plupart des jeunes artistes qui nous occupent avaient alors une académique mais solide formation dispensée par les écoles des beaux-arts réparties un peu partout sur le territoire hexagonal.

 

         Certainement pas !... Puisque, d’une façon générale et unanime, l’illustration, en tant que genre, était considérée dans ces institutions plutôt conventionnelles et réservées au fils des classes favorisées, comme un art mineur... Et, donc, à ne pas considérer comme faisant partie d’une expression artistique authentiquement créatrice.

 

Page 38 :

 

         Cette approche vaut aussi pour les images :

 

          Mon premier principe, dès mon arrivée dans l'enseignement, en 1951, j’avais 20 ans, fut, alors que j'étais encore en stage de formation à l’École Normale d’Instituteur d’Oran, de ricaner à propos du terme image, toujours supposé, dans l’esprit des gens par être connoté de sagesse : “sage comme une image”, “image à bon dieu” etc...

 

         Le terme illustration s’imposant alors pour moi comme étant celui d’une accession et d’une permissivité à plus de liberté d’imagination et de création.

 

         Nous sommes alors en 1968 et paraît le Conte numéro 1 pour enfants de moins de trois ans d’Eugène Ionesco qui assied la place d’Etienne Delessert comme illustrateur majeur du mouvement en cours.

 

          Ce sont-là des propos partisans. Pour moi Sendak, Ungerer, Topor, Claveloux, Carrelman, Duhême, Corentin, Boutan, Gauthier, Lemoine, Constantin, Letort... étaient des modèles insurpassables.

 

         Quand Delessert avait refusé à ses éditeurs d’illustrer les textes d’autres auteurs à moins qu’il ne s’agisse de Beckett ou Ionesco il avait, sans le vouloir, rejoint l’ambition de François Ruy-Vidal.

 

          Là, c’est carrément un renversement de vapeur !

          Voilà que Loïc Boyer plaide pour que le mensonge de Delessert devienne une vérité sacralisée.

 

         Compulser les deux livres – Franz Tovey and the rare animals et Horns everywhere –, qu’il avait concocté avec sa première épouse Eleonor Schmid et qu’Harlin Quist publia mais que j’ai refusé de publier, moi, parce que je les trouvais débiles, donne une idée très précise des petites options qu’avaient choisies Delessert en 1966 en matière de livres d’enfants.

 

          Considérations qui n’excluent en rien les mérites de son talent !... Ni ses compétences et possibilités artistiques... mais qu’il réservait alors aux adultes.

 

          C’est donc moi qui ai refusé d’entrer dans son jeu et ses plans et qui l’ai forcé, par mon refus, conforté par le jugement que Lavinia Russ, journaliste du Publisher Weekly à New York, avait porté sur Sans Fin la fête : « Le livre le plus désagréable de l’année », à accepter d'adhérer à mes convictions en une littérature d’écrivains plutôt qu’en des ânonnements de vocabulaire et de langue, pondus par des spécialistes de littérature enfantine, et de changer de braquet.

 

          Pour Ionesco, – ainsi que pour Duras, Brisville et Beckett, que j’avais contactés en 1963, alors que Delessert n'était pas encore arrivé à Paris, afin qu’ils écrivent pour le Théâtre pour jeune public –, il y eut simplement une rencontre heureuse. Mais pas forcément fortuite car je savais exactement ce que je voulais...

 

         A croire que Delessert, qui est de nature sournoise, connaissait mes projets et qu'allant dans mon sens, il faisait semblant de me provoquer pour ne pas reconnaître et avouer qu'il adhérait et se rangeait à mes options !...

 

         C’est ce fait-là, celui de suivre et de ne pas être le premier à avoir eu l’idée, qui primait, qui a toujours primé contre mes initiatives dans l’esprit orgueilleux de Delessert... Donnée caractérielle de son équation psychique qui l'incitait, à partir de la leçon que je lui avais donnée lorsque j'avais refusé d'entrer dans ses petites combines familiales et parce qu'il avait été mouché, à entamer avec moi une compétition qui le mènera à vouloir en toutes occasions me salir et, finalement, pour triompher, à souhaiter ma mort.

 

        Cette compétition concurrentielle est aussi valable pour Couratin d’ailleurs et pour Galeron... Tout trois me limitant, avec l’appui de Michel Defourny et de François Vié – probablement pour masquer leur inculture –, à des capacités et compétences d'un « petit instit’ » ou d'un « petit pédago »

 

        A croire que la condamnation d’art mineur portée sur le genre de l'illustration en général, et sur les illustrateurs-trices en particulier, incitaient d’emblée certains illustrateurs, misogynes et phallocrates, à vouloir se survaloriser, afin d'assurer et d'imposer leur statut d’artiste à part entière, en prétendant avoir toujours eu, en matière de littérature pour la jeunesse et au mépris des éditeurs, concepteurs, directeurs de collection et des auteurs, toutes les initiatives créatrices.

 

Page 77:

 

         il faut lire L’Oiseau qui radote, conçu avec Nicole Claveloux, mais dans lequel sa griffe (couleur, composition) prend le dessus,

 

          Ce livre fut fait à ma commande pour prouver que les couleurs (les marrons, noirs, verts bronze et violets) jugées affligeantes et déprimantes par le dogmatisme catholique et par les dames assurant la direction des Éditions Bayard Presse, pouvaient être décodées et recodées artistiquement afin d’être dynamisantes.

 

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          Loïc Boyer, qui connait cette justification, ferait pas mal de se référer aux sources plutôt que de traiter, en se croyant plus habile, le sujet à la légère et de manière aussi superficielle.

 

Page 78 :

 

          Patrick Couratin se contentant de réaliser la couverture pour assurer une cohérence avec les autres titres de la série.

 

          Patrick Couratin assuma, à ma demande, le design des quatre couvertures de ces Manipules.

 

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Page 79 : 

 

        Il reprend la manière évoquée un peu plus haut pour Ah! Ernesto ou simplement celle que l’équipe de Delpire mettait en œuvre dans ses « Actibom » en agrandissant des vignettes en noir et blanc à l’échelle de l’affiche

 

       Cette “ manière” d’utiliser des gravures anciennes n’est pas née d’hier !

 

       Harlin Quist, conseillé par John Bradford, l’avait lui aussi utilisé magnifiquement dans un livre The house that Jack Built qui faisait partie des premiers livres que je souhaitais, en 1965, éditer dans le cadre de la Sarl française Les livres d'Harlin Quist.

 

       Marguerite Duras elle-même souhaita aussi, lorsque nous envisageâmes l’illustration de Ah ! Ernesto, que les illustrations de son texte soient de trois genres :                -- des gravures anciennes pour que le livre soit placé dans une dimension historique,

              -- des photos pour que le petit Ernesto soit représenté dans une réalité incontestable,

              -- et de la bande dessinée pour qu’il soit dépeint en action libre, de contestation, animé par une actualité dynamique contemporaine, en mouvement...

 

 

Page 102 :

 

         la délicatesse des dessins de Tina Mercié, la géométrie gouachée de France de Ranchin sont autant de manières de faire des images pour l’enfance

 

          Non ! Pas des images mais des illustrations, parce qu’elles offrent l’avantage d’avoir des arrières plans en abîmes et à tiroirs et qu’elles sont, plus que les images ne peuvent l'être, porteuses polysémiques et incitatrices d'analyses et de réflexion.

 

         la Dompteuse et le Musicien, texte de l’homme de théâtre Charles Charras, qui marque l’arrivée d’Henri Galeron dans le monde de la littérature en couleurs,

 

          Encore cette expression Littérature en couleurs, dont Loïc Boyer voulait faire son titre, alors que manifestement, comme je m’en aperçois en découvrant son texte, la littérature ne l'intéresse pas puisque son seul souci est de ne parler que de Delessert et de Patrick Couratin et de ce qui le préoccupe et le fait vivre : le graphisme.

 

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Cette illustration d'Alain Gauthier fut réalisée en 1974 accompagnement de l'album Zizou, artichaut, coquelicot, oiseau de Jean Chalon et j'avais alors dit à l'illustrateur qu'elle était en parfaite concordance avec ma conception de littérature illustrée. Raison qui me fit l'utiliser ensuite, 20 ans après, en couverture du catalogue de l'exposition du Musée d'Art Moderne : La littérature en couleurs.

 

          Ce graphisme étant considéré comme la base et l’essence des arts d’expressions graphiques alors qu’il n’est pour moi que le costume visible de ce qui le sous-tend.

 

         Sans une soutenance de fond et de contenu, le graphisme n’est que pure acrobatie.

 

          Nicole Claveloux considérait que le graphisme faisait, ou non, partie intrinsèque des illustrations. Qu'il en était, ou non, la structure!... L'épine dorsale des illustrations!...  

         Ce qui me permet de dire qu’il n’est qu’un ajout superficiel, de pur esthétisme, parfois superfétatoire lorsque le contenu de l'illustration est inconsistant.

 

          En foi de quoi, il me semble que ce premier livre de Loïc Boyer, puisque son titre Les Images libres – libres de quoi d'ailleurs ?... –, annonce bien ce à quoi le lecteur peut s'attendre, devrait se contenter d’être un catalogue recensant, parmi celles qui sont parues depuis le début des années 60, les images et les illustrations qui lui plaisent, en se limitant, puisqu'il a besoin de se prendre pour un juge omnipotent et de donner des satisfecits, à ne faire que des éloges pour ceux qui les ont réalisés, plutôt que de prétendre traiter de la Littérature pour la jeunesse.

 

         Je dis cela après avoir constaté que les dévalorisations que Loïc Boyer se permet de faire, de manière insidieuse, en sous-main, jamais franchement et honnêtement – celles concernant par exemple les livres que j'ai publiés aux Éditions Hatier/ L'Amitié, en 1980 comme les Quatre animagiers... ou bien le fablier L'habit d'Arlequin, illustré par Alain Letort... ou encore le recueil de comptines Les Papillons de Pimpanicaille, illustré par Alain Gauthier... et mieux encore Le secret du domaine illustré par Jean Garonnaire...

 

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      ... Ainsi que, pour finir, les illustrations qu'Alain Letort réalisa en 1980 pour La famille Adam de Michel Tournier – mais qui furent censurées par l'archevêque Vilnet à ce moment-là en empêchant qu'elles soient publiées –, prouvent à l'évidence son manque d'éclectisme et d'objectivité et sa partialité...

 

A

 

 

        Par simple humilité, qualité qui ne risque pas d'étouffer Loïc Boyer, le terme “La littérature en couleurs” doit être mis en italiques chaque fois qu'il l'utilise, en mentionnant en bas de page que c’est le titre que j’ai donné, moi FRV– et pas Janine Despinette –, à l’exposition subventionnée par la SPME (organisme culturel de la Régie Renault dont Jean-Marie Despinette, compagnon de France, était le Président) qui était censée valoriser en 1985 comme le mentionnait l’affiche de présentation :

 

Les conceptions et tendances dans les textes et les illustrations

des livres contemporains pour l'enfance et la jeunesse

des vingt dernières années.

 

        Bien avant cette exposition, il m'était arrivé souvent d'employer, dans les colloques où j'étais invité, pour définir l'option que j'avais choisie, cette formule de littérature illustrée ou de littérature en couleurs ou d'autres dérivatifs de cette formule... Il s'agissait pour moi de définir, afin de la faire comprendre, la différenciation que je souhaitais voir établir entre la littérature enfantine et la littérature pour la jeunesse en expliquant au public mon intention de ne publier, en préférence, que des textes d’écrivains accompagnés d’illustrations qui seraient, et devaient être, une œuvre à part entière et une supplémentation graphique libre, contrapunctive et non pléonastique, aux images littéraires du texte.

 

       Certains parlèrent alors, notamment Bernard Bonhomme, de « littérature arc-en-ciel » ... terme que je récusais puisque l’arc-en-ciel était devenu l’emblème des homosexuels.

 

        Janine Despinette, dont l’égotisme était parfois difficilement contenu par la pondération de son mari, prétendra par la suite, devant le succès de la formule, qu’elle en était l’initiatrice. Elle fit de même pour le terme “co-lecture” pour désigner les albums d’Eugène Ionesco que je présentais toujours comme des livres à lire par des adultes à des « enfants de moins de trois ans »...

 

        Puis elle alla même jusqu'à prétendre, une fois son mari décédé, au mépris de la vérité historique, que c’était elle qui avait fondé le CRILJ et non pas Natha Caputo avec le clan des intellectuels communistes que formaient : Raoul et Jacqueline Dubois, Marc Soriano, Mathilde Leriche, Raymonde Dalimier... 

 

        Janine Despinette, se croyant devenue reine de la place, affirmait par-là, parce qu’elle avait été, en fonction de ses ambitions exacerbée, marginalisée par les institutions nationales (La Joie par les Livres, la BNF puis le CNLJ) que ses commentaires sur les œuvres étaient plus importants que les œuvres elles-mêmes et qu’elle était l’initiatrice-impératrice de tout ce qui s’était produit de bien, en matière de livres et de productions pour l’enfance et la jeunesse, depuis qu'elle et son époux avaient fondé Loisirs Jeunes.

 

        Son association avec Étienne Delessert dans le début du 21ème siècle et les exclusions du CRILJ et du CIELJ qu'elle me valurent, constituent pour moi la preuve de leur confraternité en matière d’égotisme plénipotentiaire. Tous deux étaient animés des mêmes volontés mégalomaniaques de régner et ils étaient prêts pour cela, avides de couronnement, à faire comme le petit Bonaparte et comme Jean-Bedel Bokassa, à se couronner eux-mêmes.

 

         on trouvera là dans la dompteuse et le musicien de Galeron et dans certains motifs l’influence des illustrations d’Etienne Delessert, on retrouvera également l’intérêt

 

          Je ne vois pas du tout, pour ma part, de ressemblance entre le premier livre réalisé par Galeron pour La dompteuse et le musicien et le style de Delessert !

 

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          A croire que Loïc Boyer, obnubilé par le génie de Delessert ne voit plus que du Delessert en toutes choses !...

 

Page 105 :

 

          Un album comme Alice au pays des merveilles ne s’est pas fait en un jour. Apparu entre les mains de l’éditeur comme un projet incorporant d’abord des images de Max Ernst, rapidement délaissées au profit d’une proposition à Nicole Claveloux, il doit beaucoup à la traduction d’Henri Parisot.

 

           Loïc Boyer invente-là de toute pièce une genèse qu’il n’a aucune raison de connaître puisque je n’ai jamais parlé de cela.

 

           Non, je ne connaissais rien du projet Henri Parisot-Max Ernst lorsque j'ai fait part de mon intention de publier une version d'Alice.

 

           Je sais seulement que parmi les motivations que j'avais de publier une version d'Alice au pays des merveilles, celle qui était la plus impérieuse, émanait des avis dévalorisants qu'Harlin Quist continuait de vouloir m'imposer sur les compétences et talents de nos illustrateurs français...

          Il ne faisait en cela que répercuter ce que les Anglosaxons en général pensent de leurs écrivains célèbres : Shakespeare, Edward Lear, Lewis Carroll, Charles Dickens... en statuant d'une manière sotte que nous, Français, ne saurions pas les comprendre, les interpréter et les illustrer...

          Il était commun d'entendre et je l'entendis, plusieurs fois, lorsque j'étais à New York ou à Londres, qu'il fallait être Anglais de naissance, ou, à la rigueur, Américain bon teint, c'est-à-dire pas noir de peau, pour être capable de comprendre l'humour de Lewis Carroll et pour pouvoir l'illustrer... 

 

         Ce qui nous était dit de manière à nous être imposé, se résumait à une sorte d'incapacité congénitale qu'on nous attribuait, parce que nous étions Français et que nous avions été nourri de la langue française, – reflet de notre culture patrimoniale judéo-chrétienne pourtant parente de toutes les autres nationales diverses représentatives faisant partie de notre civilisation nord-occidentale –, nous n'avions pas, et ne pouvions pas acquérir, ni les facultés organiques, ni les capacités intellectuelles, ni toutes autres disponibilités d'imaginations adéquates requises, susceptibles de nous permettre d'apprécier par exemple, les illustrations que John Teniel avait réalisées, en 1866, pour la première publication d'Alice au pays des merveilles...

 

       En somme, je dois reconnaître que, parmi toutes mes décisions de publier ce monument qu'était pour moi Alice au pays des merveilles, en en confiant précisément à Nicole Claveloux la possibilité de réaliser les illustrations, se glissait une intention de provocation perfide : celle de prouver à Harlin Quist qui continuait de considérer, malgré les deux prix accordés à Nicole Claveloux par le New York Times pour Le voyage extravagant en 1968 et pour Les Télémorphoses d’Alala, en 1970, que c'était une illustratrice de second ordre – dont il était allé jusqu'à rejeter les illustrations qu'elle avait réalisées pour le Conte Numéro 4 d'Eugène Ionesco –, qu'elle se surpasserait et qu'elle le forcerait ainsi à admettre son talent.

 

        Pour le rappel, j'insiste à dire que cet Alice au pays des merveilles a été mis en oeuvre dans le cadre de la Sarl française Les livres d'Harlin Quist, alors qu'Harlin Quist était encore mon associé et que je savais parfaitement bien qu'il désapprouverait le projet. C'était sa manière à lui, mesquine et stupide, de prouver sa supériorité... C'est exactement ce qu'il avait fait pour Le galion... mais en changeant totalement d'avis après le succès remporté internationalement par le livre...

 

       Je veux dire par-là, à propos de ce projet d'Alice au pays des merveilles, que j'avais très bien compris, le connaissant maintenant suffisamment, que contrairement à son attitude habituelle qui le portait à vouloir se distinguer à tout prix des options éditoriales de ses congénères anglais et américains pour paraître exceptionnel, il adopterait et manifesterait avec le même entêtement, puisque c'était contre moi et contre le talent de Nicole Claveloux qu'il revendiquait sa supériorité de goût, la même attitude sarcastique et le même dénigrement, en ne publiant pas le livre en anglais et en américain... Ce déni lui permettait de penser, pour flatter son estime personnelle, qu'il restait, en fonction de ses préjugés et même s'il était contraint ensuite de reconnaître ses torts, fidèle à lui-même et à ses convictions radicales... Il en faisait une sorte de foi qui se traduisait selon ce qu'il me répétait déjà, en 1964, lorsque nous nous sommes rencontrés : que nos auteurs et nos illustrateurs français n’étaient pas du niveau des illustrateurs anglo-saxons.

 

        En fait, le challenge et l'enjeu, tout au long de notre association depuis 1964 à 1972, prenait avec ce projet d'édition d'Alice au pays des merveilles, une dimension d'exemplarité : lui montrer, une bonne fois pour toutes, qu'il se trompait et qu'on n'avait pas besoin d'être Anglais ou Américain pour être capable de comprendre l'humour de Lewis Carroll et d'être en mesure de l'illustrer.

 

          Et c’est donc, dans cette intention de challenge et de provocation, que cette version du livre de Lewis Carroll fut amorcée ! 

 

         Mais, pour ma part, en bredouillant et en tâtonnant, car, une fois le projet admis par Nicole Claveloux, elle commença par me proposer, plutôt que des illustrations à la plume, des tableaux peints à l’huile, dont un magnifique portrait qu’elle fit d’Alice... Portrait que j'aimerais bien revoir une fois encore... Tandis que, de mon côté, je me mis à rechercher la meilleure traduction possible, hésitant finalement entre celle d’Henri Parisot et celle d’un autre homme d’édition, André Bay, peintre et traducteur, beau-fils de Jacques Chardonne, qui insistait pour que je choisisse sa version...

 

         C'est après avoir opté pour la traduction d’Henri Parisot, que celui-ci m’informa que Max Ernst avait réalisé quelques illustrations de sa version et qu'il tenta alors de faire pression sur moi pour que j’adhère à leur projet, en remisant le mien...

        Peine perdue car j’affirmai alors, au risque de ne pas obtenir son adhésion, que Nicole Claveloux était et serait l’illustratrice de la version que je souhaitais publier...

 

        Puis, comme il insistait, lui servant du même chantage, je lui affirmai que s’il n’adhérait pas à mon projet, je prendrais alors la version d’Alice de son rival... etc...

 

        C’est finalement le jeune héritier des Éditions Flammarion, Charles-Henri, qui nous réconcilia en me proposant un contrat.

 

          Jean Gattégno était alors dans les parages, auteur d’une “chronologie, préface et bibliographie” d’un ouvrage proposant la version bilingue juxtaposée du conte de Lewis Carroll, intitulée Les aventures d’Alice au pays des merveilles. Traduction de Henri Parisot - Suivi de la suite des dessins de Lewis Carroll Broché – 1 janvier 1971... mais je crus bon de ne pas le déranger en le sollicitant... et il s’en vexa... Au point de croire pouvoir déclarer, en 1975, lorsqu’il devint Directeur du livre et de la lecture sous le ministère de Jack Lang à la Culture – selon ce que m'en dira Christian Bruel –, que la version de Nicole Claveloux que j’avais publiée chez Grasset était « la plus mauvaise de toutes les versions qui existaient en France ».

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           ...d’Alice au point qu’elle sera republiée par Grasset Jeunesse une quarantaine d’années plus tard.

 

          Non pas !... Cela est mal dit. L’édition de 1975 est restée et reste encore en vente depuis sa parution. Soit 46 ans.

          Et elle a même été suivie, en 2020, du deuxième tome de Lewis Carroll De l’autre côté du miroir illustré toujours par Nicole Claveloux...

 

         Mieux, un disque 33 tours paraîtra conjointement qui, plutôt qu’un simple enregistrement de ce texte revu (si cela avait été possible), offre au compositeur Jean-Louis Méchali l’occasion d’une interprétation supplémentaire, sous forme d’un puzzle musical. Ce sont les débuts du label Chevance, hébergé par les disques Le Chant du monde dont Patrick Couratin n’est jamais loin…

 

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       C’est Philippe Gavardin, mon ami – dont les parents, bourgeois cossus habitaient en bordure du lac du Bois de Boulogne –, qui, devenu communiste par conviction mais surtout par confrontation antagoniste avec son père, refonda et revivifia Le Chant du monde en créant et en imposant ce Département Discographique Jeunesse selon le label Chevance dans le cadre plus général des divers Établissements d’éditions, littéraires, phonographiques et de presse, régis par le Parti communiste, dont Aragon était le Directeur général.

           Ne cherchez pas le nom de Philippe Gavardin sur internet dans les cadres de ce qu’il avait initié en rénovant les structures poussiéreuses des productions à l'intention des enfants et de la jeunesse du Parti communiste, car il a été très soigneusement rayé par les nouveaux communistes qui ont pris sa place et ont fait le propre, après sa mort prématurée, en juillet1997, à l’âge de 52 ans.

 

           C’est avec lui que j’avais prévu de réaliser, faisant suite aux divers “Song's-books ”que j'avais réalisés aux Éditions Alain Pierson, sur des chansons de Brassens de Léo Ferréd'Édith Piaf... 

 

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un album de partitions de chansons inspirés par les poèmes d’Aragon... 

 

         Album qui ne vit pas le jour et que je regrette de ne pas avoir pu produire puisque je refusai alors, carrément et radicalement, de donner à Patrick Couratin, que Philippe Gavardin avait engagé pour restructurer ses collections de disques, l’occasion que nous nous retrouvions pour une nouvelle collaboration.

 

Page 114 :

 

         Comme on l’a vu, le soin apporté à la forme faisait partie du projet éditorial des différents acteurs de la littérature en couleurs dès les débuts du mouvement.

 

         Loïc Boyer qui chipote à m’accorder la paternité de cette formule au prétexte que des afficionadas de Janine Despinette veillent sur son patrimoine, oublie carrément de s'appliquer à lui-même, en mettant en doute ce que j'affirme, ce qu'il s'autorise sans réserve.

       C'est dans cette manière très inconsciemment habile qu'il a de s’attribuer gaiement “ma formule” et de s’en servir et d'en user comme si c’était lui qui l’avait initiée, que je peux m'autoriser à dire qu'elle est une constante récurrente des caractéristiques malhonnêtes de son individualité.

 

         John Bradford en était alors le directeur artistique. Cet homme avait été auparavant responsable du design pour les magasins Marshall Field’s à Chicago, directeur artistique en agence de publicité à New York ainsi que pour les disques Columbia

 

         Et surtout le directeur artistique du joaillier Cartier

 

         L’enthousiasme du duo Quist-Vidal, leur volonté d’offrir le meilleur aux enfants, conduira Couratin à développer une image luxueuse et soignée, tout en papier couché

 

        Merci pour le duo. J’ai plusieurs fois demandé à Loïc Boyer de faire la part des choses en lui demandant de distinguer nos initiatives respectives mais sans résultat.

 

        Cela me parait cependant très facile si on prend le temps d’examiner les livres que nous avons chacun publiés, ensemble et séparément, livre après livre, lui et moi en étant, tour à tour, les initiateurs, puis par la force de la collaboration, les éditeurs.

        Il s'agirait tout simplement, pour établir ces distinctions, de disséquer les fondements, les inspirations, les raisons, les motivations d'Harlin Quist et les miennes... sans les attribuer bêtement à un couple qui n’a jamais agi en couple.

 

        Je ne tenais pas mes choix, ni mes options, ni mes décisions d’édition, même quand nous fûmes associés, de 67 à 72 d'Harlin Quist.

 

        Dire que nous avions des cultures, des sensibilités, des goûts, des potentialités de choix et des options d'édition différentes... ne devrait faire de mal à personne !...

 

         Et merci bien pour l’inclusion de Couratin dans ce duo comme un ménage à trois !... Non !... ce n’est pas, pour ma part, lui qui m’incita à aimer le papier ni à savoir le choisir. Mon grand-père déjà... puis mon père, défricheurs en Algérie, fournissait en alpha des sociétés anglaises fabricantes de papiers.

        Le papier et les qualités de papier, étaient donc une des premières raisons qui m’incita à venir à l’impression et à l’édition....

 

        Par contre, pour ce qui est du jeune néophyte qu’était Couratin, c’est plutôt moi qui l’ai invité, afin de lui mettre le nez dans le cambouis des réalités et des charges délicates des métiers de la photogravure et de l’imprimerie, à m’accompagner sur les presses afin qu’il prenne conscience des diverses difficultés de la reproduction en offset des illustrations, depuis celles de la séparation des couleurs jusqu’à leurs reconstitutions à l’impression sur les quatre rouleaux des machines, en essayant, de multiples façons, et en insistant même, pour lui montrer des macules de son livre Monsieur l’oiseau re-teintées de couleurs diverses à la suite de passages préliminaires, pendant les réglages de machines, pour le convaincre de ne plus se croire obligé de réaliser, comme il l’affirmait de manière ostentatoire définitive, tous ses prochains livres en noir et blanc.

 

         Autant jouer le jeu à fond et proposer des livres qui, jusque dans leur forme, dans leur réalisation, éblouissent leurs lecteurs. Patrick Couratin opérera d’abord aux côtés de François Ruy-Vidal puis, à partir de 1972 et jusqu’en 1998, avec Harlin Quist exclusivement, entre Paris et New York.

 

          Éblouir ?... Chercher à éblouir ?... Moi, jamais !

          Mais plutôt, selon un crédo de « petit instit », à inciter de faire réfléchir, à rendre lucide et à encourager l’esprit critique et le libre arbitre de mes élèves...

 

         A croire que Loïc Boyer n’a rien compris à ma démarche !

 

         Dans cet ordre d’idée, le terme “opérera” qu’il emploie pour oindre et savonner encore et toujours Patrick Couratin, ne me convient pas du tout.

 

         Je n’avais pas attendu Patrick Couratin pour opérer.

 

         Dire que Patrick Couratin réalisa ses illustrations de Monsieur l’oiseau sans moi et que je ne fis qu’approuver son travail, ne veut pas dire qu’il opéra pour moi.

 

         Il n’opéra jamais pour moi !

 

         C’est moi qui ai opéré sur lui. Et je l’ai fait par pur souci de retransmission de savoir et de connaissances et afin de l’aider à devenir qui il pouvait devenir, sans en attendre de remerciements.

 

        Lors du divorce entre les deux éditeurs, Patrick Couratin va prendre son parti : à la précision, l’exigence et le travail parfois ingrat de François Ruy-Vidal, il va préférer la flamboyance, l’élan transatlantique et la fête infinie d’Harlin Quist.

 

           La juxtaposition tripartite la précision, l’exigence et le travail ingrat appliqué à mézigue en contre-opposition de “la flamboyance, l’élan transatlantique et la fête infinie” accordée et appliquée à mon ex-associé, révèle-là, l’admiration follement intéressée qu’éprouvèrent Patrick Couratin et Henri Galeron, en illuminés du rêve américain, afin de s’imaginer une notoriété et un destin outre-Atlantique...

           Dans la foulée, la retranscription littéraire dithyrambique qu’en fait Loïc Boyer, laisse supposer en l’occurrence, qu’il se voit déjà, présumant que son livre ferait un tabac aux USA, statufié au 102ème étage de l’Empire State Building.

 

          J’éprouve moi le besoin de redire-là ce que j’ai déjà dit en plusieurs occasions :

 

                      « Ce qui est à Quist n’est pas à Ruy-Vidal et vis versa ».

 

          Michel Defourny et François Vié m’avaient déjà fait le coup en me traitant de “pédago” tandis que Robert Delpire et Harlin Quist étaient par eux traités, avec considération et dévotion, d’esthètes...

 

         Je me répète mais sans qu’on veuille entendre : Harlin Quist était un voleur d’idées qui avait la manie et la maladie de s’approprier à des fins d'orgueil, tout ce qui pouvait valoriser sa réputation. Sans jamais se rendre compte, sa mégalomanie l'aveuglant, qu’il trichait, qu'il usurpait et qu'il était obligé, pour faire croire en sa supériorité, de dévaluer et de mépriser systématiquement toutes les personnes de qui il s'était servi.

 

         Après les prix accordés par le New York Times aux deux livres que j’avais initiés : Le voyage extravagant – qu’il méprisait et jugeait même détestable et complètement “unprofessionnal”–, et le Conte Numéro 1, illustré par Delessert, Harlin Quist claironnait bien fort à New York, sans le moindre scrupule, que c’était lui qui les avait initiés... 

        Ajoutant en se flattant « I am making history » et en prétendant par-là qu’il était seul responsable d’un renouvellement historique international du livre pour enfants.

 

        En autocrate et en patron, se servant pourtant de l'imagination et du talent des auteurs et des illustrateurs, et de l'impulsion qu'avec John Bradford nous avions donné à ses productions américaines, Harlin Quist oubliait délibérément ma participation, celle de son directeur artistique et celles des auteurs et des illustrateurs que nous avions sollicités !...

 

        Je ne l’ai jamais entendu employer le terme “nous” pour parler d’un livre. Et encore moins de l’entendre parler d’équipe !...

 

        C’était toujours lui, lui, lui et lui encore qui avait tout fait ! 

 

        Dans nos rapports, il ne reconnaîtra jamais ce qu’il avait pris dans ma besace et il continuera d’affirmer, en décembre 1997, en France, notamment à Florence Noiville, analyste-critique du journal Le Monde, copieusement épaulé approbativement par son associé Patrick Couratin, devenu son apôtre, que c’était lui qui avait obtenu les Quatre Contes de Ionesco et Ah ! Ernesto de Marguerite Duras et lui aussi, comme il l’avait déjà dit à la jeune et naïve apprentie journaliste qu’était Odile Limousin, qui avait réalisé la première version du pamphlet Sur la fenêtre, le géranium vient de mourir...

 

         Patrick Couratin dira même dans un interview publié au CNLJ par deux gourdes (Anne-Laure Cognet et Annick Lorant-Jolly) qui gobaient tout ce qu'il disait comme paroles d'évangiles : « J’ai donc travaillé seulement deux ans avec Ruy-Vidal, jusqu’au clash de 1972. Après je suis resté avec Quist, et nous avons publié ensemble jusqu’en 1983. En 1978, Quist a publié Le Géranium surla fenêtre... et, aux États-Unis, il s’est vendu à 400 000 exemplaires. Un jour que j’étais allé chercher Quist à l’aéroport, il m’a dit « On achète une boutique », il avait l’argent liquide dans la poche. Il a donc pris un bail rue du Cherche-Midi, une très belle boutique qui faisait librairie. Cela a duré quelques années, et puis, à la fin, on en a eu tous assez. On a dit « on arrête ». Il n’y a même pas eu de dépôt de bilan, rien...»

 

           Voir pour cela les deux annonces, faites dans le quotidien Le Monde des livres par Florence Noiville, la seconde, celle du 5 décembre 1997 démentissant la première... pour comprendre qu'Harlin Quist était prêt à tout pour avoir ce qu'il appelait “le focus” et croire qu'il était le centre du monde...

 

           Si bien qu’en 1970, à New York c'est, avec ahurissement, que je pus apprendre de Johane Pike – professeur de Français et très admirative de nos élites artistiques, amie intime très proche d'Harlin Quist, ancienne collègue de l'Université de Carnegie Tech à Pittsburgh, où ils avaient fait leurs études et seule femme de sa vie –,  et de son ex-associé Daniel Hyneck, son partenaire dans la production off Brodway de la pièce d'Anton Tchekov, Ivanov, que j'étais en danger... « Be carefull François, me disaient-ils, Harlin is a killer ! »

 

          Des alarmes que je ne voulais ni croire ni accepter alors, mais que je fus bien forcé d'admettre très peu de temps après : la stratégie autocrate mégalomaniaque d'Harlin Quist était une caractéristique de sa personnalité. Il commençait toujours par contrer vos initiatives pour mieux ensuite, après les avoir enregistrées et récupérées, donner à croire, en s'étant convaincu lui-même, qu’elles étaient les siennes.

 

Page 146 :

 

        La galerie de la Baume, sise à Paris dans la rue éponyme, ouvre en février 1971 avec l’ambition de valoriser ce mouvement que d’aucuns appellent « illustration graphique » — par opposition à l’illustration classique accusée de sensibilité ou même de mièvrerie.

 

        Ce « d’aucuns » ressemble à un refus habile de Loïc Boyer de dire que c’est moi qui ai toujours refusé d’appeler les illustrations des images et qui ai toujours plaidé pour que, dans les albums de littérature illustrée que je préconisais, cette fameuse littérature en couleurs, on ne parle que d’illustrations de type graphique, impliquant et encourageant des pratiques de lectures graphiques.

 

Page 147 :

 

          L’illustration de la page de garde du voyage extravagant est bleue et non pas en noir et blanc.

 

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2021 12 06 DE CAROLINE LASCAUX A FRV

 

Re: J'ai supervisé...

Corps du courriel

 

        Bonjour monsieur Ruy-Vidal, Merci beaucoup du temps, de l'attention et de l'implication que vous mettez dans l'accompagnement final de ce livre. Nous prendrons connaissance de vos remarques et précisions avec attention.
Merci de nous informer de cet ajout à votre fonds et à votre blog.

       Nous donnons nous aussi nos archives à L'Heure Joyeuse, et joindrons vos remarques au dossier de cet ouvrage. Celles-ci seront donc doublement accessibles. Espérons que notre don sera aussi précieux, dans le futur, que le vôtre l'est.

       Pourriez-vous, s'il vous plaît, me transmettre vos coordonnées postales afin que nous vous fassions parvenir, si vous le désirez, quelques exemplaires du livre ? Bonne journée, Caroline Lascaux

 

2021 12 07 DE CAROLINE LASCAUX A FRV

 

A propos de Les Images libres  

 

        Bonsoir monsieur Ruy-Vidal, Voici un lien vous permettant de charger le fichier complet des Images libres : 

 

         https://cloud.editionsmemo.fr/s/st7Dnpi92aJ65rQ


       Nous avons attentivement relu vos remarques, et Loïc a repris certains passages. Merci beaucoup, Bonne soirée, Caroline Lascaux.

 

2021 12 08 DE FRV A CAROLINE LASCAUX

 

          ...après avoir survolé l'intégralité du projet de Loïc Boyer et examiné rapidement l'ensemble des illustrations, je me suis aperçu que j'ai supposé, mais à tort, parce que vous ne m'aviez envoyé que des parties de cet ensemble, que certaines des illustrations majeures de Nicole Claveloux et de Danièle Bour ne figuraient pas dans ce projet.

 

          Je fais donc amende honorable pour cela...

 

          Encore que ... je m'aperçoive que les illustrations choisies de Nicole Claveloux pour "le voyage extravagant" ne sont pas les meilleures et que les trois couvertures qu'elle a réalisées pour les versions française, américaine et anglaise manquent dans cette sélection de Loïc Boyer alors qu'elles sont les preuves manifestes de sa maestria en matière d'art graphique et de surréalisme.

 

           Manquent aussi ce que sont pour moi les plus belles illustrations que Nicole Claveloux a réalisées, celles de "La forêt des lilas" et de "La belle et la bête" et celles vraiment exceptionnelles de "Brise et Rose" d'après le conte de George Sand, réadapté et réactualisé par sa petite-fille.

 

          Je constate aussi – et m'insurge contre cela–, en prenant conscience que Loïc Boyer a proprement éliminé de cette sélection d'illustrations celles d'illustrateurs et d'illustratrices qui ont beaucoup compté pour moi avant, et après, mon entrée en édition : notamment celles de Georges Lemoine et de Philippe Dumas... et plus particulièrement celles de jacqueline Duhême.

          Censure inacceptable, que je soupçonne Loïc Boyer  d'avoir exercée pour complaire aux mannes de Patrick Couratin puisque c'est en raison de mon intention, en 1967-68 de publier Jacqueline Duhême et Danièle Bour – que Patrick Couratin refusait de considérer, parce qu'elles pratiquaient des illustrations de type art naïf, comme représentatives de l'illustration graphique –, qu'il a choisi, en me faisant passer pour « un petit instit' » incapable d'apprécier ses talents de graphiste, de changer de camp en adoptant celui d'Harlin Quist.

 

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          J'ai écrit justement à ce sujet, à Viviane Ezratty, auteure de la postface du livre Les images libres, pour l'informer, car la boulette me semble trop énorme...

 

          D'autant plus énorme qu'elle aura, j'en mets ma main au feu, des retombées sur la crédibilité du livre de Loïc Boyer.

 

          Je vous ferai part en détail, pour votre propre gouverne plutôt que pour avoir un effet de correction sur le livre, de toutes mes remarques concernant la misogynie de ces messieurs qui, comme Delessert, Couratin, Le Sault... s'arrogeaient les connaissances, la maestria et les pratiques graphiques en les déniant catégoriquement aux artistes femmes...

 

          En vous prévenant tout de même que toutes mes réflexions seront déposées, après la sortie du livre, dans les archives de la Médiathèque Sagan et qu'elles seront aussi, mais après la sortie du livre seulement, disponibles sur mon blog.

 

        Avec mes salutations. FRV

 

2021 12 08 (Bis) DE FRV à CAROLINE LASCAUX

 

          Je constate que Loïc Boyer fait très peu d'allusions aux auteurs et plus particulièrement aux écrivains dont les textes étaient, pour un concepteur comme je l'étais, avant d'être un éditeur ou un directeur de collections, très évocateurs et très stimulants quand on avait décidé de ne produire que de la littérature illustrée, pour choisir, parmi les illustrateurs disponibles, celui ou celle qui conviendrait le mieux.

 

          N'étant pas partisan de donner à un seul artiste la possibilité de s'acquitter des toute une série de textes du même auteur – ce que fit Jean-Claude Fasquelle, par commercialité après mon départ en donnant tous les contes de Pierre Gripari à Claude Lapointe, et à Danièle Bour tous ceux de Georges Sand ou de la Comtesse de Ségur –, ma démarche fut toujours, une fois le texte en main, par souci de ne pas trahir les auteurs ou plus simplement ce qu'ils avaient écrit, de me demander avant de décider : Qui pourrait le mieux illustrer ce texte précisément circonscrit en tenant compte du fait que tous les textes d'un même auteur n'ont pas les mêmes valeurs de suggestivité ?...

 

          Questionnement qui m'induisait alors à envisager l'intérêt d'aller plus à fond dans le sens du texte, en utilisant l'apport d'illustrations “pléonastiques” pour ne représenter que le climat littéraire de ce texte ou, au contraire, en tenant compte des illustrateurs disponibles et des styles précisément singuliers qu'ils étaient en mesure de proposer, pour aller plutôt vers une supplémentarité de climat ou pour une remise en cause contestataire du climat instauré par l'auteur...

        N'hésitant pas alors à solliciter des artistes non-prochement affiliés au climat de l'auteur, mais qui, en quelque sorte, apporteraient par leur différence, “contrapunctivement”, un supplément d'âme indispensable stimulant.

        Il ne s'agissait pas là de tenir compte seulement des possibilités d'interprétations multiples qu'offraient les illustrateurs – Nicole Claveloux et Danièle Bour m'ayant prouvé qu'elles étaient “versastyles” – mais plutôt de pouvoir les encourager à associer, adéquatement, deux univers, l'univers littéraire à l'univers graphique, selon certaines affinités, familiarités, “parallèléités” et confraternités de suggestions sensorielles immédiates (littéraires et graphiques) que ces illustrateurs-trices pouvaient avoir et qu'ils et elles pouvaient, plus ou moins bien, être en mesure d'associer, selon la culture littéraire et graphique qu'ils et elles avaient de la littérature et de celle de l'auteur proposé en particulier...

         Ceci, par souci de cohérence, d'homogénéité et d'harmonisation de climats, sans dissonances, de façon à donner à l'œuvre au double visage qu'était l'album, une harmonie, une lumière, perceptible d'emblée, intuitivement, à la vue même de la couverture.

 

          Je ne dirai jamais cependant que j'ai toujours bien réussi à marier ces climats littéraires et graphiques, c'est-à-dire les auteurs avec ceux et celles qui les illustraient, dans tous les livres que j'ai publiés... Et trois écueils, que je ne peux oublier, me viennent pour l'exemple à l'esprit car ils sont significatifs de la difficulté que j'ai eu, souvent, à me convaincre, mis au pied du mur, une fois le texte de l'ouvrage en main, que les choix que je faisais, lorsque j'accouplais un écrivain ou une écrivaine avec un illustrateur ou une illustratrice, étaient les meilleurs possibles...

        Dilemme par lequel passent certainement tous ceux qui s'occupent d'éditer des livres illustrés, car on n'est alors qu'un relais dans la fabrication de l'ouvrage, sorte de passeur intermédiaire, soucieux de satisfaire, en premier lieu, l'auteur, dont l'œuvre est, au départ, le centre et le coeur de l'enjeu, puis, éventuellement, aussi, d'honorer la littérature pour la jeunesse...

          1. Le premier de ces écueils étant Les Quatre contes d'Eugène Ionesco qui, lorsqu'il m'appela pour me dire que ses contes étaient écrits et qu'il m'en accordait les droits, m'avoua qu'il préférait qu'ils soient illustrés, plutôt que par Étienne Delessert dont il trouvait les illustrations que je lui avais montrées de Sans fin la fête « lourdes et grotesques... trop suisses ! », par des illustrations moins affirmées et même moins artistiques... plus enfantines en quelque sorte et plus représentatives figurativement de ce que des enfants – puisqu'il s'agissait de Contes pour enfants de moins de trois ans – pouvaient apprécier...

        Et il me montra alors des petits croquis qu'avait esquissés pour sa fille Marie- France – celle à qui il avait raconté, lorsqu'elle était enfant, ces  « histoires sans queue ni tête, à dormir debout » comme disait son épouse Rodica Ionesco –, une de ses amies qui dessinait par plaisir... Des petits crobards qui, tout charmants qu'ils étaient, n'auraient rien rapporté de plus à l'humour des contes de l'auteur et qui ne correspondaient pas aux livres que je souhaitais publier...

 

          2. Le deuxième étant Le secret du domaine de Pascal Quignard, illustré par Jean Garonnaire publié aux ED Hatier-L'Amitié.

          Pascal Quignard, que j'avais sollicité alors qu'il n'avait publié qu'un seul livre Le lecteur, m'avait donné son texte du Secret du domaine avec enthousiasme mais en souhaitant m'imposer, parce qu'il estimait que ses images littéraires étaient suffisantes, qu'il ne soit pas illustré... Ce que je refusai... Et qui nous mena à un compromis : il choisirait, sur mes propositions, l'illustrateur-trice qui conviendrait le mieux à ce qu'il appelait l'esprit de son conte...

        Ainsi en arrivâmes-nous au choix, dans un premier temps, en 1976, et sur mon instance, que ce soit Pierre Frilay qui soit l'illustrateur de son livre, à la condition formelle cependant que celui-ci, puisqu'il estimait que le climat de son conte devait être déréalisé, ne représenterait pas ses personnages ni, figurativement, les lieux et les paysages où son conte se déroulait...

       Exigences qui, en l'occurrence, tombaient assez bien puisque Pierre Frilay, que m'avait recommandé la psychanalyste et critique littéraire Anne Clancier, épouse de Georges-Emmanuel Clancier, n'était pas un illustrateur mais plutôt un artiste décorateur, spécialiste en fresques murales et peintures pour décors de théâtre, de type impressionnistes, voire impersonnalistes et, donc, totalement incapable, par choix délibéré, de reproduire figurativement une quelconque réalité.

         Mais Rien de cela n'aboutit puisque après deux tableaux peints, la mort dramatique de Pierre Frilay s'ajoutant au fait que Jean-Pierre Delarge considérait le texte de Pascal Quignard comme « totalement illisible», je fus bien obligé de reporter la mise en fabrication de l'ouvrage et ne pus la reprendre qu'une fois établi aux Éditions Hatier-L'Amitié, en confiant la réalisation des illustrations à l'artiste Jean Garonnaire, dont j'appréciai justement les peintures et les illustrations exécutées toujours dans une idéalisation de style, du type nuageux, brumeux, enveloppé de gaze... qui donnait forcément à toutes ses représentations de lieux, d'objets ou de personnages, ce coté déréalisé, éthéré et immatériel, propre à abonder et à corroborer avec la part énigmatique que Pascal Quignard craignait qu'on ne falsifie en y juxtaposant la matérialité des illustrations....

          Mais non!... Une fois le livre publié, ce Secret du domaine, illustré par Jean Garonnaire, déplut tellement à Pascal Quignard, qu'il le republiera, en me le reprenant, chez un autre éditeur et en lui redonnant un autre titre : L'enfant au visage couleur de la mort.

 

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                        Illustration de Jean Garonnaire pour Le secret du domaine de Pascal Quignard

 

          Et, ironie du sort, ce Secret du domaine que je ne renie pas, fut mis en solde par Bernard Foulon, l'héritier en titre de la maison Hatier, 4 mois après sa publication, au prétexte que les commerciaux chargés de placer le livre en librairie étaient incapables d'en comprendre le texte, alors qu'au même moment, Pascal Quignard se voyait attribuer, pour son premier roman Carus, le prix des libraires.

         

         3. Le troisième de ces écueils étant – Et, hélas, pour le coup, celui d'un véritable échec –, la série des trois petits albums intitulés Les Trèfles de longues oreilles, écrits par Jean-Claude Brisville, dont j'avais confié, avec l'accord de l'auteur, qui était émerveillé par le petit lapin que Nicole Claveloux avait dessiné dans Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, le soin de réaliser, les illustrations...

 

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        Une promesse que Nicole Claveloux ne tint pas... puisque sans tenir compte de nos avis  – était-ce son droit ?...–, elle nous imposa, dans un style que nous ne pouvions prévoir et qui, selon l'auteur et moi-même, ne correspondait pas à l'esprit que nous entendions donner à ces trois petits albums, des illustrations de type fuligineuses qui avaient de quoi surprendre mais qui n'étaient pas convaincantes.

 

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          Sur le plan des illustrations je remarque qu'il n'y a pas une seule illustration de Jacqueline Duhême alors que L'opéra de la lune qu'elle illustra sur un texte de Jacques Prévert, me sembla être, lorsque je le découvris en 1953, et lorsque je le considère encore aujourd'hui, le point de départ d'une collaboration fructueuse entre un auteur et une illustratrice qui faisaient oeuvre commune en imposant un climat idéal... 

 

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          Cet Opéra de la lune, fut alors, pour moi, qui n'avais alors aucune intention de devenir éditeur, la prise de conscience d'une option d'édition, celle de la littérature illustrée. Une conception que je gardai en mémoire et qui fut certainement l'amorce d'une intention que je ne servirai que plus de dix ans après, en souhaitant que les parts respectives de création, celle de l'écrivain et celle de l'artiste qui l'illustrait, soient toujours à peu près en équivalence, mais dans une sorte de surenchère qui devait à la fois captiver et séduire le lecteur et stimuler en suspens son esprit critique.

 

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          Jacqueline Duhême était une élève de Matisse.

 

          Dans ce même ordre d'option, Jacqueline récidivera ensuite avec Grain d'ailes de Paul Éluard puis avec Tistou les Pouces verts de Maurice Druon..

 

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          Et elle fit aussi, avec Delpire, sur un texte de Claude Roy Youpi le Petit Kangourou.

 

          Je suppute donc que, comme Patrick Couratin qui haïssait les styles de Jacqueline Duhême et de Danièle Bour qu'il considérait comme s'apparentant à l'art naïf et donc comme non virilement graphique... Loïc Boyer semble avoir fait sien ce critère d'évaluation machiste et les stupides principes ségrégationnistes qui en découlent.

 

          Et je constate aussi qu'il n'y a pas d'illustrations de Georges Lemoine...

 

          Dont je peux supposer, parce que les illustrations de Georges Lemoine sont comme celles de Jacqueline Duhême et comme celles de Danièle Bour, toutes en délicatesse et en finesse, qu'elles ne peuvent pas, et ne doivent pas, être considérées par Loïc Boyer, comme étant des “images” graphiques...

 

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Illustration de Georges Lemoine du livre de Marguerite Yourcenar Comment Wang Fô fut sauvé

 

          Pourtant le délicieux et profond petit album de Marguerite Yourcenar qu'est Comment Wang Fô fut sauvé, que Georges Lemoine a illustré subtilement et magnifiquement, dans lequel est évoqué les voies de la création artistique et ce chemin des milles courbes et des cent mille couleurs par lequel tout créateur est contraint de passer est, et restera dans le temps, sur le plan symbolique, aussi bien sur le plan littéraire que sur le plan des illustrations, une parfaite symbiose de l'imagination créatice et un modèle exceptionnel de réussite graphique.

 

          Voilà un titre Le chemin des milles courbes et des cent mille couleurs que Loïc Boyer aurait pu reprendre au lieu de ce titre Les Images libres qui plaide contradictoirement contre le graphisme dont il se prévaut.

 

         Un titre qui n'évoque, en tout cas, rien de bien encourageant pour moi mais plutôt cette liberté de commerce qu'ont des marchands – ceux des grands trusts internationaux exploiteurs du soi-disant mauvais goût du peuple et qui n'ont jamais fait dans la dentelle –, de donner à profusion des images aguicheuses mais monosémiques et plates, qui n'ont absolument rien à voir avec des illustrations de type graphique.

 

          Et qu'il en est de même pour Alain Letort, carrément éliminé et recalé par Loïc Boyer comme un pestiféré !...

 

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          Aucune illustration de lui et silence total sur son parcours.

 

          Comme s'il n'existait pas !

 

          Alors qu'il est considéré, en Normandie et au Centre des Beaux-Arts de Caen, comme un maître : l'auteur des illustrations des Contes et légendes du pays normand recontés par Pierre Lebigre et celui qui a redessiné, en bande dessinée, pour le musée de Bayeux, où il habite, et pour favoriser au public visiteur la compréhension graphique et historique, la lecture de la tapisserie de Bayeux... Honneur qui fut suivi d'une autre proposition, celle faite par le Musée de Cluny, de refessiner pour la rendre plus effectivement lisible la tapisserie de la Dame à la Licorne...  

 

          Un artiste au style très particulier j'en conviens, dont Guillermo Mordillo disait : « Il ne fera jamais un rond, ses illustrations sont pointues et le public n'aime que les images arrondies »...

          Mais qui a été mon collaborateur pour plusieurs livres dont les plus importants sont :

          Zoo...o...o...oh! de Jacques-Alain Léger aux Ed. Universitaires-J.P. Delarge

 

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LE CERCEAU

 

ENFANT BORGNE BIS

 

LA POULE
 

   Et un fablier magnifique L'habit d'Arlequin publié aux Éditions Hatier-L'Amitié..

 

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            ...qui, avec le recueil de comptines Les Papillons de Pimpanicaille, illustré par Alain Gauthier, tous deux publiés aux Ed. Hatier-L'Amitié, sont – n'en déplaise à Monsieur Loïc Boyer, tellement sûr de ses propres petits jugements partiaux et limités ! –, mes plus belles récompenses et mes plus grandes fiertés d'édition.

 

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         Doutant encore de la franchise de Loïc Boyer et de son honnêteté intellectuelle, je crus bon, parce que je soupçonnais des perfidies sous-jacentes, de demander à Caroline Lascaux qui ne m'avait adressé jusque-là que quelques bribes de la maquette de ces Images libres (parties de texte accompagnées de quelques illustrations), de me faire parvenir l'intégralité du projet qui, à plus d'un titre, me concernait aussi, mais sur lequel, selon mes suppositions, on avait choisi de décider par suite de la connivence entre l'auteur et l'éditrice Christine Morault, de ne pas m'accorder un droit de regard, ni encore moins la possibilité et le droit légitime d'intervenir...

 

         Et à mon grand étonnement, lorsque je reçus effectivement la maquette complète du livre de Loïc Boyer et que je m'attelai aussitôt à faire, le plus rapidement possible, tous les commentaires qui me paraissaient indispensables afin qu'ils servent à l'amélioration et à la crédibilité du livre... On me mentait puisque le livre était déjà en passe d'aller sous presses.. 

 

2021 12 09 DE FRV A CAROLINE LASCAUX

 

          ... Mes remarques en P.J.

 

          Enfin celles qui peuvent permettre à LB de respecter la vérité des faits plutôt que de faire des commentaires interprétatifs qui confortent ses connivences avec Delessert et Couratin et ses prédilections.

 

          Je vous demande d'en tenir compte car, pour l'instant, je n'entends pas accorder aux Éditions MeMo les droits d'utiliser les illustrations, celles dont j'ai les droits, que Loïc Boyer a manifesté l'intention d'utiliser.

 

         Au vu des parties du livre que j'ai pu consulter, je maintiens que si le livre parait tel qu'il est actuellement présenté, mes héritiers m'ont convaincu qu'il fallait entamer contre Loïc Boyer et contre les Éditions MeMo, le procès en réparation qui s'impose.

 

          Avec mes salutations. FRV

 

2021 12 10 DE CAROLINE LASCAUX A FRV

 

        Bonjour monsieur Ruy-Vidal, Merci pour ces remarques détaillées et l'attention que vous portez à cet ouvrage.
       Pour vos correspondances suivantes, merci d'adresser vos mails à Christine Morault, en copie de ce mail.

         Bonne journée, Caroline Lascaux

 

2021 12 13 DE CHRISTINE MORAULT A FRV

 

Ouvrage imprimé

 

         Bonjour, Je reprends la conversation qui s'était établie avec Caroline Lascaux, le livre étant achevé et imprimé.

        Dans votre mail du 6 décembre, vous nous annonciez vos futures remarques, sans effet de correction sur le livre. Il a été imprimé le lendemain, avant la réception de votre mail du 10 décembre.

       Je n'aurais pu, de toutes façons, faire corriger par Loïc Boyer son texte, il en est l'auteur, ni changer son choix d'images. J'ai lu votre dossier en pièce jointe, je comprends et je respecte le fait que vous ayez beaucoup de remarques et corrections sur ce qui est dit de votre travail et des collaborations avec les auteurs et les artistes de votre catalogue. Il est important pour le futur que vous puissiez déposer ce contenu dans les archives de L'Heure Joyeuse.

           J'espère sincèrement que ce livre rendra justice à votre travail et surtout incitera des éditeurs contemporains à reprendre à leur compte la liberté d'agir et d'éditer qui a été la vôtre.

         Ceci dit sans flatterie insincère.

         Avec mes salutations, Christine Morault.

 

2021 12 15 ÉTAT DE CHOC

 

            Je suis sous le coup de la nouvelle... le livre Les Images libres est imprimé depuis deux jours et ni Loïc Boyer, ni son éditrice Christine Morault, n'ont tenu compte d'aucunes des réflexions, remarques et demandes expresses de corrections que j'entendais voir apporter...

 

         J'étais le dindon de la sauce. On m'avait contraint, en me passant le plat sous le nez et en me privant de mes droits d'éditeur, de concepteur ou de détenteur des copyrights des livres que j'ai publiés, à accepter, comme patentes et avérées, les interprétations farfelues et erronées de la réalité des faits et la sélection superficielle des illustrations auxquelles Loïc Boyer s'était livré en s'accordant toutes les autorisations.

 

         Le comble de la supercherie étant, lors de cette dizaine de jours de ce début décembre, la maestria déployée par l'auteur pour se faire inabordable, en envoyant au front le bouc émissaire qu'était Caroline Lascaux, salariée habilement commise par les Éditions MeMo, protégeant elle-même l'ignorance feinte de son éditrice Christine Morault... Montage en chaîne pour me laisser penser que je pouvais espérer voir aboutir mes demandes de rectifications, alors que tout le monde savait, sauf moi, puisque le livre était prêt à aller sous presses, qu'aucunes corrections n'étaient plus possibles et que je perdais mon temps inutilement à justifier mes revendications.

          A refaire en pensée, ahuri, la rétrospective et l'enchaînement de ces paravents destinés à me faire gober la sauce me laisse sans voix. Exactement comme si, par le refus qu'ils m'ont imposé et l'incapacité de pouvoir corriger qui en est résulté, ces deux personnes, Loïc Boyer et Christine Morault – Caroline Lascaux n'étant que le troufion de service ! –, me signifiaient que j'étais déjà mort et que je n'avais plus aucun droit sur les livres que j'ai publiés.

            Pour un rappel des faits, j'insiste à préciser, en me répétant, que pendant toute la période où je me suis isolé à Agay, chez mon ami Georges Lorenzo – du 30 septembre au 24 novembre 2021, soit plus d'un mois et demi –, j'ai attendu, mais en vain, que le texte complet de Loïc Boyer, assorti des illustrations des livres que j'avais publiées, me parvienne afin que je puisse choisir de donner, ou non, mes autorisations de publication de ces Images Libres

            Période assez longue qui m'aurait permis d'avoir tout le temps de proposer mes réflexions, remarques et demandes expresses de corrections en étant assuré que l'auteur et l'éditrice en tiendraient compte... alors que ce n'est que le 30/11/2021, soit quelques jours à peine, avant l'impression du livre, que j'ai pu commencer à prendre réellement connaissance de ce qui était formellement dit dans ce livre en cours.

 

         Tout me porte à croire que la stratégie hypocrite adoptée par Loïc Boyer qui l'incitait à se retrancher habilement du jeu, se doublait de celle aussi peu honorable de l'éditrice Christine Morault ; et qu'elles avaient pour but, en laissant toute la place et les responsabilités à l'ingénue bouc émissaire qu'était Caroline Lascaux, de me signifier qu'ils avaient décidé d'avoir la main libre sur ces images libres et qu'ils n'avaient que faire de mes avis.

 

          Je peux supposer en conséquence que si Loïc Boyer a tout bien prémédité pour que je ne puisse pas intervenir sur son texte et sur le choix des illustrations qu'il s'est permis de faire à partir des livres que j'ai publiés, Christine Morault, l'éditrice n'a rien fait non plus, alors que sa responsabilité d'éditrice le lui commandait, pour que mes demandes expresses de corrections de texte et mes préférences d'illustrations pour les livres retenus par Loïc Boyer parmi ceux que j'avais publiés, soient non seulement prises en considération mais qu'elles soient effectivement appliquées.

          Rien ne pourra me faire croire et admettre que Christine Morault qui connaissait très bien, au moins un mois à l'avance, la date retenue pour l'impression du livre de Loïc Boyer, n'était pas aux manœuvres, en coulisses, à surveiller et tirer les ficelles de son employée, pour qu'elle me fasse accepter en douceur le fait que j'avais été berné et que je n'obtiendrais pas réparation.

    

          Pour Loïc Boyer, puisqu'il avait déjà agi en sournois avec moi lorsqu'il s'était permis de réaliser en toute liberté et sans s'acquitter financièrement des droits qui revenaient aux auteurs, illustrateurs et à moi détenteur des copyrights, ses vidéos de Cligne, Cligne Magazine, à partir de la plupart des livres que j'ai publiés, il y avait pour ainsi dire récidive et récidive en connaissance de cause, au mépris délibéré des ayants-droits.

       

         Stratagème et machinerie visant pour l'un, l'auteur à prétendre que je lui avais donné mon feu vert et à l'autre, l'éditrice, de me faire passer pour responsable du retard apporté à mes exigences de corrections, alors que tous deux avaient mûrement décidé, d'une part, de ne pas me permettre d'obtenir le respect des divers droits que j'ai sur les livres que j'ai publiés et, d'autre part, d'en user comme bon leur semblait, sans mon consentement.

 

           En conclusion de quoi, ma question est : « Qui est, de l'auteur ou de l'éditrice, le plus juridiquement coupable ?... Et sur qui faire porter les torts ?... »  

 

         Serait-ce sur Loïc Boyer, l'auteur ?... Qui, estimant que mes demandes de corrections et mon droit de regard sur ce qu'il affirmait, contrevenaient à sa liberté et à son droit d'expression et, en conséquence de quoi, il avait décidé, de s'en exonérer, sans avoir à tenir compte de mes demandes d'amendement et de corrections ?...

 

          Ou bien serait-ce sur l'éditrice, Christine Morault, alors qu'elle pourrait prétendre, chacun d'eux se refilant la patate chaude, qu'elle n'a pas été avertie par Loïc Boyer de ma retraite de près deux mois à Agay, mais qui m'a tout de même entretenu et fait mijoter pendant 10 jours, en se servant d'une tierce personne innocente et en m'encourageant à débiter ce que j'avais sur le cœur alors qu'elle savait très bien que mes demandes expresses de corrections n'avaient aucune chance d'aboutir ?...

 

            Sans être un psychologue professionnel ni un fin limier, je peux facilement me permettre cependant, à cause du temps passé, de la pratique et de l'expérience que j'ai pu acquérir dans l'édition, de déduire, à considérer la manière sourde dont Christine Morault s'est comportée avec moi, pendant cette courte période d'une dizaine de jours où les Éditions MeMo se sont manifestées à propos de Les Images libres, tandis que Loïc Boyer, en plus malin qu'elle, avait déjà tiré son épingle du jeu en s'estimant probablement, une fois réussi son coup et son livre accepté par les Éditions MeMo, dégagé de toutes responsabilités, que la gestation et le suivi de fabrication de ce livre ont été mené, par deux amateurs qui se croient rusés et habiles mais qui sont indignes de figurer dans la profession d'édition et ne méritent ni le titre d'auteur, ni celui d'éditrice.

                                                        Le 29/12/2021 François Ruy-Vidal

 



01/03/2022