RUY-VIDAL CONCEPTEUR D'ÉDITION

RUY-VIDAL CONCEPTEUR D'ÉDITION

2021 06 05. D’UNE CULTURE ET D’UN CONFORMISME, A L’INSECTICIDE, RIGORISTES ET SANITAIRES, D’INSPIRATION U.S.A.

2021 06 07.

D’UNE CULTURE ET D’UN CONFORMISME,

RIGORISTES ET SANITAIRES,

                                           A L'INSECTICIDE, D’INSPIRATION U.S.A.

                                                                         QUI S’INSTAURERENT

– A L’INTENTION DES ENFANTS, PLUS PRÉCISÉMENT–,

DANS L’IMMÉDIATE APRES-GUERRE,

AFIN DE DÉGERMER, PRÉVENTIVEMENT,

LA SOCIÉTÉ MODERNE ET LE MONDE DE DEMAIN,

DE TOUS LES PÉCHÉS DU MONDE.

       Cet article est mis sur le blog dans un premier jet, à l’état naissant. Il est le résultat d’une prise de conscience globale qui m’est venue à l’esprit, comme une révélation, à la suite de deux allusions que m’ont faites fortuitement deux personnes estimables et dignes de confiance qui ne se connaissaient pas mais dont j’ai toutes les raisons d’apprécier les jugements : d’une part, François Piron, professeur à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon, critique d’art et commissaire d’expositions, et, d’autre part, Viviane Ezratty, initiatrice avec Françoise Lévêque du dépôt d’archives de mes années d’édition dans la petite Bibliothèque de l’Heure Joyeuse, archives transférées ensuite dans la Médiathèque Françoise Sagan dont Viviane Ezratty a été la première Conservatrice en chef.

       Deux allusions précises, somme toute banales, qui ne traduisaient dans l’esprit de François Piron et de Viviane Ezratty qu’un constat sur un état de fait. Constat qui ne contenait, je tiens à le préciser, aucune sorte d’animosité ou de désobligeance à mon égard et qui avait même, à s’y tromper, en raison de la bonne foi et de l’amicalité avec lesquelles il était exprimé, toute l’apparence de la vraisemblabilité. Avec même un grand mérite, celui d’être, historiquement, objectif puisque ces allusions ne faisaient que re-situer, à titre comparatiste, les livres que j’ai publiés de 1967 à 2003 – compte tenu d’une interruption de 19 ans, de 1982 à 2001–, soit, au total, quelques 150 livres, dans l’échiquier général des productions nationales françaises pour la jeunesse.    

      Ces allusions sont courtes et précisément claires. Adressées en deux temps à deux mois d’intervalle, en ce début d’année 2021, je les reçus comme des témoignages de considération, sans m’alarmer, pour ainsi dire plutôt apathiquement, comme si elles étaient le fruit de réflexions et remarques amicales, alors que, cheminant progressivement dans mon esprit, elles finirent par m’apparaître comme des sentences évidentes et définitives et, en conséquence, inadéquates, inappropriées et injustes.

      La première, celle de François Piron, m’arriva en février dernier, à l’occasion de son inscription sur ce blog “ruyvidal.blog4ever.com ”, sous forme d’une amorce d’interrelations, par un message cordial et sympathique qui s’adoubait, à ma grande surprise, d’excuses et de regrets, par lequel François Piron se reprochait presque de ne pas avoir mentionné les livres que j’ai publiés, dans un impressionnant et important ouvrage de plus de 300 pages, publié en 2017, qu’il avait conçu et réalisé avec Guillaume Desanges : Contre-cultures, 1969-1989 : L’esprit français.  

     Un livre épais, de type pamphlet, dont le titre, à la terminologie et ponctuation très précisément définies, résumait toute l’ambition et l’envergure du programme. Un ouvrage bien argumenté, qui recensait scrupuleusement toutes les tentatives artistiques singulières et originales qui s’étaient manifestées au cours des vingt années écoulées entre 1969 et 1989 – dont les livres, bien entendu, le plus souvent illustrés, faisaient partie –, alors qu’injustement, au déni de leur intérêt national, ces témoignages de notre activité culturelle étaient méconsidérés par les médias de réception et de prescription d’analyse critique et, de ce fait, relégués en marge des circuits d’expressions officiels courants.

       Un livre-constat ferme et fort, salutaire et indispensable, qui nous force à remettre en question l’objectivité de notre appareil national d’évaluation critique et l’objectivité même de nos journalistes qui, déontologiquement, sont en charge de nous informer de manière exhaustive, impartialement, afin de nous permettre de prendre conscience de la réalité des faits...

       Terrain dangereux et glissant qui nous incite à mettre le nez dans les intérêts que peuvent avoir les patrons de presse ou les représentants des partis au pouvoir, à occulter certains faits pourtant patents qui gênent leurs industries, pour en favoriser d’autres qui les servent et les entérinent... Que ce livre semble aborder abruptement alors qu’à bien y regarder le recensement est nuancé d’appréciations subtiles et sous-jacentes qui doivent certainement passées inaperçues – personne n’étant plus aveugle que qui ne veut pas voir ! –, à tous ceux qui, en adeptes irréductibles, sont convaincus qu’il n’existe et ne peut exister qu’une seule culture, celle judéo-chrétienne fondatrice de notre civilisation Nord-Occidentale.

     Le pari était risqué mais il valait la peine d’être posé !

     Même si, à partir d’une pertinence d’esprit d’avant-gardisme, Guillaume Desanges et François Piron, qui ont déterminé et établi les critères de choix des œuvres, selon un parti pris d’exclusivisme non exhaustif, osent prétendre avec un brin de morgue, de suffisance et quelque peu de provocation, que « c’est par ses marges que la France a produit ce qu’elle a de meilleur ».

      Habileté des auteurs et ambiguïté de l’ouvrage : cet « esprit français », tel qu’il découle de leur recensement d’œuvres ne peut se bien définir qu’en le confrontant et le juxtaposant non pas à “La” culture, cette seule culture qui serait typiquement française et historiquement datée, judéo-chrétienne prépondérante en Europe, mais plutôt et mieux encore à ce que, en raison probablement de la mondialisation, dans un pluriel judicieux, le titre de leur ouvrage annonce : des cultures diverses et variées ou, si l’on préfère, une culture polyforme qui ne cesse de se remodeler dans le temps et dont nous subissons les aléas alors que, par tranquillité d’esprit, nous souhaiterions qu’elle se fige, se pérennise et soit  notre unique référence éthique.

      Cela pour dire que François Piron, qui a 40 ans de moins que moi, se trompe en considérant que les livres que j’ai publiés participent et s’inscrivent dans ces « contre-cultures de 1969 à 1989 » alors que, pour ma part, comme je vais tenter de l’expliquer dans ce qui suit, je n’ai jamais eu le sentiment de m’opposer à “notre” culture nationale, de prédominance judéo-chrétienne, celle ambiante d’immersion et d’imprégnation dans laquelle j’ai grandi. J’irai même jusqu’à prétendre, au risque de paraître prétentieux, que je ne faisais que vouloir, en sollicitant des auteurs et des illustrateurs de mon temps, honorer cette culture-là, de mon mieux, en empêchant qu’elle se fige et se pétrifie et en luttant même contre des tendances et des courants fluctuants multiples et divers, d’origine plus ou moins politique, philosophique ou religieuse, afin de défendre ses ferments et ses valeurs d’anticipation et de régénération.

       Ce qui m’amena à me demander s’il pouvait exister en l’occurrence une fausse culture... Une culture de type économique, stratégiquement détournée pour être internationalisée qui, en s’affirmant hypocritement comme participante au progrès et aux avancées de notre civilisation – celle-ci étant de moins en moins exclusivement Nord-Occidentale et de plus en plus mondialisée, donc dotée d’options universellement admises –, alors qu’elle ne serait en fait qu’une machination habilement sournoise, mise au point par un capitalisme impérialiste intransigeant, à des fins d’exploitation et de rentabilisation de son système, dont le premier objectif est, par reconduction, sa survie et son omnipotence ?...  

       La seconde de ces allusions, celle de Viviane Ezratty, me parvint en mai 2021, tardivement donc, si je considère l’ensemble des relations professionnelles qui nous lient, elle et moi, depuis 1997, et, plus particulièrement, celles, épistolaires, suivies et constantes que nous entretenons, depuis notre rencontre et notre collaboration au CRILJ parisien où nous faisions partie du Conseil d’administration. Une allusion qui m’arriva peu après celle de François Piron, en réponse à certaines réflexions que j’avais avancées sur la déferlante intensive, et souvent exclusive qui s’imposa, à partir des années 80, au détriment de la littérature : celle de “la vogue” et de “la vague” généralisée des pratiques multiples et diverses de l’usage abusif des contes en bibliothèques, autour de l’idée générale de L’heure du conte...   Mais que Viviane Ezratty émettait, en se référant plus à moi-même, comme si j’étais seul pleinement et uniquement responsable des livres que j’ai publiés sans tenir compte des auteurs et des illustrateurs qui ont été mes collaborateurs, en me rangeant et en me catégorisant – sans malveillance toutefois –, parmi une classe de marginaux, ceux dont a parlé François Piron, qu’elle dénommait par contre « anticonformistes. »

       Un qualificatif qui suscita en moi un mouvement de recul et un pincement au cœur... Mais auquel j’eus le sentiment de devoir me ranger comme s’il était un verdict, une sanction et une sentence de l’histoire, en me disant qu’il fallait bien que je m’y fasse, que j’accepte de me regarder dans le miroir qu’elle me tendait, et de me voir comme elle me voyait, même si j’avais du mal à me reconnaitre et si je ne me reconnaissais pas.

      J’eus l’impression soudain qu’en bibliothécaire type, par fidélité à son corps administratif, elle me situait et me rangeait, sans rémission possible, définitivement et une fois pour toutes, dans ce que Jean-Paul Sartre appelait, en parlant des livres disposés sur les rayonnages de bibliothèques, « les urnes funéraires » sans que je puisse faire appel et me faire entendre puisque ce qualificatif d’anticonformiste qu’elle n’était pas seule à m’attribuer était maintenant, pour ainsi dire, vitam aeternam, entré dans les mœurs, c’est-à-dire dans une mentalité globalisante, celle que représentait, en matière de productions pour l’enfance et la jeunesse, sinon l’esprit français dont parle Guillaume Desanges et François Piron, du moins une grande partie de l’intelligentzia française constituée par l’ensemble des personnes qui, dans le cadre institutionnel de la culture et de l’éducation et plus particulièrement dans celui de la toute puissante congrégation Joieparleslivres-CLNJ-BNF, avaient, au fil du temps, légalisé, selon des critères typiquement et conventionnellement conformistes, ses discriminations, ses marginalisations, et ses ostracisations sans jamais remettre en question la pertinence de ses propres jugements et les raisons qui les motivaient.

      Devant cette accusation d’anticonformisme, une fois la surprise passée, il me sembla préférable, pour ne pas en faire tout un plat, convaincu que Viviane Ezratty ne se faisait en cela que la porte-parole d’un jugement de toute sa corporation, de devoir me résigner à l’assumer et de ravaler ma désapprobation et ma rancœur... D’autant plus que, venant de sa part, même si elle ne relevait que d’un avis d’estimation, je n’avais aucune raison de penser que cette catégorisation soit chargée de mauvaises intentions, qu’elle ait pu être émise pour me nuire et qu’elle soit entachée de ces résonnances braquées et haineuses dont certaines de ses collègues avant elle, dans le cénacle de Geneviève Patte et de La joie par les livres, m’avaient servi depuis 1967, pour marginaliser les livres que je publiais.

      Rien en effet de ce que nous avions partagé professionnellement, Viviane Ezratty et moi-même, ne me permettait de douter de sa sincérité, de son honnêteté et de son objectivité.

      Pourtant ?... Quoi que je puisse penser pour me raisonner, venant de deux univers différents, ces deux allusions n’en cessaient pas moins de cheminer et de creuser leurs galeries dans mon esprit, sans que je consente à accepter de me résigner complètement à les admettre.

      L’image que j’avais de moi-même, dans mon rétro, n’était pas, n’en déplaise à François Piron, celle d’un combattant contre les cultures en général, ni contre celle plus précisément, judéo-chrétienne de notre civilisation Nord-Occidentale, puisque cette culture-là, quels que soient les avis que je puisse émettre, était pour tous ceux qui naissaient et vivaient en France, tellement omniprésente qu’elle en devenait imparable, indubitable et inévitable. Elle était la culture mère, inscrite dès notre naissance dans nos gènes, tétée ou bue avec nos premiers laits, imbibante et imprégnatrice, sorte de second liquide amniotique dans laquelle, sans contestation pour ma part, peut-être même par lâcheté et par impuissance, je m’étais toujours inscrit, conformistement, depuis ma mise au monde, mes études puis mon entrée dans la vie.

     Cette image que j’avais désormais de moi-même, débarrassée de toutes les scories d’apparence qu’il m’est arrivé de vouloir donner professionnellement de ma personne lorsque j’étais en activité pour m’aligner sur ceux de mon corps de métier, n’était pas, non plus, en adéquation avec l’image que me tendait, dans son miroir à elle, Viviane Ezratty puisque je n’avais jamais remis en cause, au grand jamais – même si j’avais par contre contesté violemment des régimes politiques extrémistes et autoritaires que nous avions eu à subir depuis les années trente –, le conformisme social et philosophique entériné par l’opinion publique, au nom duquel s’établissait notre notion de bon sens et de normalité.

       Interpelé et dégondé par ces deux allusions, cherchant à retrouver dans mon passé des éléments justifiant cet éventuel anti-culturalisme ou cet anti-conformisme qu'on me prêtait, je ne voyais rien qui puisse me convaincre de leur exactitude puisque j’avais toujours été porté à être un élève studieux puis, une fois entré dans le monde adulte, à agir “normalement”, selon le peu de moyens à ma disposition, en respectant toujours les grandes lignes directives de notre société contemporaine puisqu’il me semblait qu’elle était représentative, en toute laïcité, de nos mœurs et des diverses convictions, croyances et comportements de mes semblables. Un univers balisé en somme dans lequel, en citoyen responsable, je m’étais toujours inscrit en respectant ses coutumes et ses lois...

      Preuves en étaient, me disais-je alors, pour me rassurer, en ne pensant qu’à “notre” culture dominante, le catholicisme, religion prépondérante et omniprésente dans toutes nos règles de vie par d’infinis réseaux de ramification à tous les échelons administratifs de structuration et d’organisation de notre pays, que je me suis toujours efforcé de respecter et d’honorer puisque, en bon Français moyen, j’avais tenu, en chrétien de baptême, à faire, en 1941, ma communion solennelle, m’étais marié à l’église en 1952, et avais ensuite, en 1966, alors que j’avais déjà un pied dans l’édition et plusieurs idées de livres à publier, incité mon fils à suivre ma voie et à faire aussi sa première communion...

      En foi de quoi, pour conclure et sortir de cette impasse dans laquelle les deux assertions de François Piron et Vivianne Ezratty m’avaient acculé, j’en arrivais à me demander : « En quoi et pourquoi, pourrais-je passer pour un rebelle, un hors norme, un marginal, un déconnexé, voire un anormal ?... Et, plus précisément, me disais-je encore, pourquoi veut-on classer les livres que j’ai publiés dans les courants des contre-cultures et pourquoi tient-on tellement, plus de cinquante après, dans les milieux institutionnels de réception et de prescription de la littérature pour la jeunesse, à ce que je paraisse comme un anti-conformiste ?...

     Qu’y a-t-il de similaire, ou même d’approchant, entre les intentions que j’ai eues, les initiatives et les décisions que j’ai prises, avec ce que suggère ce préfixe “contre” ou “anti” de volonté d’opposition réactionnaire ?...

     Que masquent et que trahissent en même temps, inconsciemment, ces qualificatifs ?...

      Et n’y-a-t-il pas, forcément et systématiquement, puisque les cultures et les conformismes ne sont évalués qu’en fonction des partis pris qui nous servent de prismes évaluateurs et que les termes qui les désignent peuvent leur donner des sens totalement opposés, soit restrictivement contestataires et revendicateurs ou, au contraire, ceux de libérateurs et d’émancipateurs, des raisons et des prétextes de mésinterprétations, de confusions et même d’erreurs ?...  

     N'est-on pas toujours, pour un conformiste invétéré, radicalement cimenté dans se convictions, quelle que soit et puisse être notre position d'esprit, l’anticonformiste prétexte, de service et d’occasion, qui lui permettra de conforter la raison et le crédit de son conformisme ?...

     Autant de questions qui, finalement, me ramenaient à me cabrer dans une position d’entêtement caractériel : « Qu’ai-je à voir, moi, avec ces mouvements contre-culturels ou anti-conformistes ?...

     En quoi et comment, ai-je pu être ou paraître un contre ou un anti-quelque chose ?...

     Mais ce n’est que progressivement, la tâche me paraissant gigantesque, que je pus penser qu’il valait mieux que je procède par étapes, au fil des jours et au fur et à mesure que souvenirs et réflexions se préciseraient dans mon esprit, afin de dresser un bilan personnel qui, en réponse à ces deux allusions apparemment vraisemblables mais que je désavoue, ferait état de la rupture, nette, radicale, catégorique, qui, en matière d’enseignement, de lecture et de littérature pour la jeunesse est intervenue, à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale, en 1945 subrépticement, puis plus ouvertement, en 1949, préventivement et précautionneusement mais de manière implacablement astreignante, par pur hygiénisme, comme une sorte de dératisation, au prétexte de dangers réels et de plusieurs autres imaginés et inventés pour saisir l'opinion publique. Le mobile et le mot d'ordre étaient d'effrayer pour convaincre en utilisant comme épouvantail les nocivités commises par les idéologies politiques extrémistes multiples qui s'étaient manifestées dans la période de l'entre-deux guerres et leurs potentielles résurgences et contaminations – dont celles des fascismes allemand, italien et espagnol en général et celui du nazisme en particulier –, en établissant un programme de réformes qui se présentaient comme sanitaires et salutaires donc irréprochables.

      Je ne pouvais oublier que j’ai grandi dans cette époque-là et que ma génération, celle de ceux qui ont eu 20 ans en 1950, a été affectée et blessée à vie, comme toutes les générations après la mienne d’ailleurs, des séquelles qu’ont laissé, en se retransmettant de pères et mères, en fils et en filles, jusque dans les consciences contemporaines, les traumatismes subis de 39 à 45... Sans oublier pour autant les deux autres idéologies majeures qui s’opposaient sous nos yeux – et dont nous étions parfois, souvent, l’enjeu des prospectives d’expansion et de colonisation –, en deux blocs platoniquement mais militairement rangés, dans une Guerre froide sans pitié, semée d’intrigues, de coups bas et d’adversités sans nombre, celle d’une part, du collectivisme communiste, devenu sur la fin, Stalinien, extrémiste et totalitaire, à celle, d’autre part, impérialiste et capitaliste Nord-Américaine.

     C’est dans cette impasse, pris entre ces deux volontés d’hégémonie comme entre deux feux ou entre deux périls menaçants notre autonomie, que se décida immédiatement après la guerre, concrètement dès 1949, date de la parution des Petits livres d’or parce que nous devions plus reconnaissance aux Yankees qu’aux Russes d’avoir libéré notre pays du joug nazi et parce que notre culture générale ambiante se référait aux mêmes racines anglo-saxonnes, cet apurement culturel hygiéniste, que j’ai souvent appelé, pour ne vouloir voir dans cette purge sanitaire que son aspect français, une pasteurisation. Une pasteurisation dont le but était de stériliser les nourritures intellectuelles que nous donnions à nos enfants, afin qu’ils ne puissent être, les ensemenceurs futurs des mêmes horreurs que nous avions endurées.

                                        FRV, le 5/07/2021

Dans le deuxième volet de cet aticle, je m'efforcerai de dresser les étapes qui m'ont progressivement permis de prendre conscience de l'expurgation programmée et des soldats et soldates de l'ombre qui, à l'abri de nos institutions, la mirent en application.

 

 

 



05/07/2021

A découvrir aussi